« Les manuels pakistanais présentent les Juifs comme traîtres, Israël comme seul agresseur, selon IMPACT-se »
- WIZO-Lausanne
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L’une des principales conclusions tirées des manuels scolaires est une représentation constamment négative des Juifs, souvent accusés de trahison et de déloyauté.

par Mathilda HELLER
Publié par The Jerusalem Post le 18/08/2025.
L’antisémitisme est répandu dans les manuels pakistanais, avec une hostilité persistante envers les Juifs et aucune mention de la Shoah, a révélé IMPACT-se dans son nouveau rapport publié lundi.
IMPACT-se, sigle de Institute for Monitoring Peace and Cultural Tolerance in School Education (Institut de surveillance de la paix et de la tolérance culturelle dans l’éducation scolaire), a évalué le programme national pakistanais à travers l’analyse des manuels de trois conseils éducatifs (Punjab, Sindh et Direction fédérale). Le rapport a étudié 75 manuels scolaires approuvés par le gouvernement dans diverses matières, dont l’éducation islamique, l’histoire, les sciences sociales, l’anglais et l’ourdou.
Environ 96,3 % de la population de la République islamique du Pakistan est musulmane, dont 85 à 90 % s’identifient comme sunnites, 10 à 15 % comme chiites, et 0,2 % comme ahmadis. Les hindous (1,6 %) et les chrétiens (1,6 %) constituent également une petite minorité.
L’une des principales conclusions tirées des manuels est une représentation systématiquement négative des Juifs, souvent accusés de trahison et de déloyauté.

Un manuel d’éducation islamique de 5ème année du Sindh affirme que les Juifs « ont fait souffrir le prophète Isa [Jésus] et sa mère ». Il les accuse ensuite d’avoir comploté contre Jésus par crainte de perdre leur autorité religieuse. IMPACT-se a souligné que cette présentation correspond aux stéréotypes antisémites médiévaux accusant les Juifs de la crucifixion de Jésus, sans contexte ni explication.
IMPACT-se a constaté qu’il est courant que les manuels pakistanais décrivent les Juifs à travers une grille de lecture façonnée par l’histoire islamique primitive, en particulier les interactions entre le prophète Mahomet et les tribus juives de Médine. Cela se manifeste souvent par des récits affirmant que « les Juifs » ont collectivement agi contre Mahomet et les musulmans.
De plus, le judaïsme est totalement absent des sections de religions comparées, qui couvrent l’hindouisme, le christianisme, le taoïsme et le confucianisme.
IMPACT-se a toutefois relevé quelques tentatives de promouvoir la tolérance religieuse et l’acceptation des non-musulmans. Par exemple, le manuel d’ourdou de 7ème année souligne que « toutes les religions du monde enseignent la paix, l’harmonie, la fraternité et la tolérance. Aucune religion n’enseigne à ses fidèles à haïr les autres », ce qu’IMPACT-se considère comme une tentative d’encourager le respect interconfessionnel.
Israël
IMPACT-se a constaté que les manuels pakistanais présentent la politique étrangère du pays « à travers une grille d’identité islamique et de fierté nationale », le Pakistan étant présenté comme « l’avant-garde du monde musulman ».
Cela influence particulièrement la manière dont sont abordés les pays « rivaux », comme l’Inde et Israël.
« Les rivalités du Pakistan, en particulier avec l’Inde, sont décrites en termes moraux absolus comme “pays ennemi” », indique IMPACT-se. « L’implication du Pakistan dans le soutien aux pays du Moyen-Orient “dans leur guerre contre Israël” est présentée comme la création d’un front musulman uni, ignorant les différences intra-musulmanes et les dynamiques changeantes après les accords de normalisation entre plusieurs États arabes et Israël. »
Un nouveau manuel d’études pakistanaises de 12ème année enseigne qu’Israël est responsable de l’aggravation de la crise humanitaire à Gaza, en particulier après le 7 octobre 2023, sans aucune référence à l’attaque menée par le Hamas contre Israël.
Selon IMPACT-se, ce manuel « présente Israël comme l’unique agresseur et la source de la catastrophe humanitaire, sans aucune mention du conflit dans son ensemble ».
« Israël est présenté comme un adversaire et reçoit de manière choquante la responsabilité exclusive de la guerre actuelle à Gaza », a déclaré Marcus Scheff, directeur général d’IMPACT-se. « Ce qui est enseigné dans les salles de classe aujourd’hui définira l’avenir du regard global du Pakistan, y compris ses relations avec Israël et le peuple juif. »
Il a appelé à une réforme des programmes scolaires donnant la priorité à l’inclusion, au respect accru des Juifs et des autres, et à « une éducation plus pacifique ».
Cependant, IMPACT-se a noté que les manuels pakistanais reconnaissent l’existence d’Israël sur la carte du monde.
Autres conclusions
IMPACT-se a signalé que les valeurs islamiques sont intégrées dans tout le programme, allant au-delà de l’éducation islamique pour imprégner des matières comme les mathématiques, la culture générale et l’ourdou.
Dans de nombreux manuels d’éducation islamique, le djihad est principalement décrit comme une lutte physique ou une défense armée, ce qui, selon IMPACT-se, légitime la résistance armée face à l’injustice.
Un manuel d’éducation islamique de 9ème année présente le djihad comme un devoir moral de défendre les opprimés, définissant l’action militaire comme une obligation religieuse à « objectif large et noble », ce qu’IMPACT-se estime justifier une violence sans limite sous couvert de devoir moral.
En outre, le rôle du Pakistan dans la guerre soviéto-afghane est présenté comme un djihad religieux, ce qu’IMPACT-se considère comme une glorification du militantisme sans aucune mention des conséquences négatives, comme le terrorisme et l’instabilité régionale.
Dans l’ensemble, IMPACT-se a conclu que la discussion du djihad manque de contexte explicatif suffisant, ce qui peut mener à une compréhension limitée.

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