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« Nous serons présents aux funérailles du Pape le jour du shabbat pour rendre hommage à un homme exceptionnel » Noemi Di Segni

La présidente de l'Union des communautés juives italiennes : « Difficile de comprendre le silence de Bibi ».


Noemi Di Segni est la Présidente de l'Union des Communautés juives italiennes depuis 2016
Noemi Di Segni est la Présidente de l'Union des Communautés juives italiennes depuis 2016

Publié dans le “Corriere della Serra - Roma le 23 avril 2025

par Fabrizo Caccia -


Noemi Di Segni, Présidente de l'Union des communautés juives italiennes, sera présente aux funérailles du pape François. Mais pour respecter shabbat, elle devra respecter des dispositions précises, est-ce vrai ?

« C’est vrai, nous avons consulté les autorités rabbiniques européennes et israéliennes, parce que les funérailles juives n'ont jamais lieu un jour de shabbat. De plus, l'une des règles du shabbat interdit la participation à des cérémonies funéraires, du fait que ce jour est dédié au repos, à la prière et à la famille : donc vous ne cuisinez pas, vous ne prenez la voiture... ».

 

Le Grand Rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, et le président de la communauté romaine, Victor Fadlun, devront se rendre au Vatican à pied sur les quatre kilomètres qui séparent la synagogue de Saint-Pierre...

« J'ai plus de chance qu'eux car j'habite à Porta Cavalleggeri, je n'aurai qu'à traverser la rue ».

 

Le Grand Rabbin de Rome a également accompagné Fadlun mardi pour se recueillir sur la dépouille du Pape à Santa Marta à visage découvert : une autre exception par rapport à la tradition juive. Fadlun a failli s'évanouir....

« C'est vrai, parce que nous couvrons immédiatement le visage du défunt. Mais cela est justifié, parce que François était et est resté un Pape exceptionnel. Il est donc juste de rendre hommage à sa personne, à la hauteur de son rôle et à l'importance des relations qu'il a tissées avec le judaïsme dans le monde entier. Il est légitime de lui rendre hommage par notre présence, car notre absence aurait généré un malaise bien plus grand ».

 

Comme ce fut le cas pour le Premier ministre israélien, Bibi Netanyahu, qui avait assisté aux funérailles de l'ancien chancelier allemand Helmut Kohl, un samedi, en 2017. Au lieu de cela aujourd’hui, il n’y a même pas un message de condoléances pour le Pape.

« J'ai du mal à comprendre son silence, mais Israël est l'État juif et le président Herzog sera là pour le représenter. Et je suis heureuse qu’il ait envoyé un message de condoléances à sa place».

 

L'ambassadeur d'Israël auprès du Saint-Siège, Yaron Zeidman, devrait également être présent aux funérailles.

« Oui, et peut-être également l'ambassadeur en Italie Jonathan Peled, qui a déjà dédié un beau message au Pape et ne l'a pas effacé ».

 

Bien que le ministère israélien des affaires étrangères…

« Non, sur ce point, je voudrais dire que je ne crois pas qu'il y ait eu un diktat du gouvernement pour faire disparaître les messages de condoléances dans leur intégralité, je pense plutôt qu'il s'agissait d'une invitation à ne pas trop hébraïser le langage, pour éviter la confusion, l'osmose, la synonymie, en parlant du Pape défunt comme d'un rabbin défunt ».

 

Mais lorsque le pape François a parlé de Gaza avec le mot « génocide », on ne lui a pas pardonné.

« Mais je l'ai aussi critiqué et je me suis permis de lui dire que l'utilisation de ce mot avait été inappropriée, irresponsable, parce qu'elle légitimait ce jugement aux yeux du monde. En revanche, il faut toujours savoir faire la distinction : en Israël, aujourd'hui (jeudi, ndlr), c'est la journée de commémoration de l'Holocauste. Je l'ai écrit clairement dans une lettre au Pape, à la veille de son voyage à Auschwitz en 2016, je lui ai parlé de la douleur muette ressentie sur cette terre maudite où nous avons été déportés. Tout le contraire de la Terre sainte, de la Terre promise ».

 

Pourtant, les appels de François contre l'antisémitisme et pour la libération des otages aux mains du Hamas n'ont jamais manqué, jusqu'au dernier jour.

« En fait, entre dimanche et lundi, cinq familles de personnes enlevées, deux vivantes et trois mortes, sont sur le point d'arriver à Rome. Elles voulaient rencontrer le Pape en personne et, à travers lui, communiquer au monde leur désespoir de ne pas avoir retrouvé leurs enfants. Mais leur voix se perdra désormais dans le vide ».

 

A quel point François va-t-il vous manquer ?

« Permettez-moi de vous raconter ceci : le 14 avril, je suis allé rendre visite à mon amie Edith Bruck chez elle, avec des douceurs spécifiques de Pessa’h. Le Pape a écrit la préface du livre d'Edith “C’est moi, François“, j'en ai moi-même écrit la postface.

Ce lundi-là, nous nous sommes donc dit avec émotion que nous organiserions un goûter pour le 3 mai, date de l'anniversaire d'Edith, et que nous allions attendre ensemble le coup de téléphone de félicitations de François. Un privilège. C'était il y a seulement quinze jours et aujourd'hui, cela me fait tellement mal de penser que cet appel ne se produira plus jamais ».





Publié dans le “Carriere della serra, Roma“

 
 
 

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