Les “Ophirs“, Oscars du cinéma israélien, ont été décernés le 16 septembre dernier.
Le film de Tom Nesher, fille du célèbre réalisateur Avi Nesher, y a remporté 4 prix, pour son film “Come closer“ : prix du meilleur long métrage, du meilleur réalisateur, de la meilleure actrice principale pour Lia Elalouf et du meilleur montage.
Parmi les autres lauréats, un absent.
Yahav Winner, réalisateur du film “The Boy", qui a reçu un prix posthume pour ce film.
Shaylee Atary, Yahav Winner et leur fille Shaya, née le 12 septembre 2023
Le MAHJ a rendu hommage, le 28 mai dernier au jeune cinéaste
dans le cadre de son festival du cinéma israélien :
« Un conflit constant existe en vous lorsque vous regardez par-dessus la clôture ce qui se passe à Gaza. »
“Le jeune cinéaste israélien Yahav Winner a été assassiné par le Hamas le 7 octobre à Kfar Aza, son kibboutz natal, alors qu’il protégeait sa femme et leur bébé âgé d’un mois, parvenus à s’enfuir. Âgé de 37 ans, il venait d’achever la réalisation d’un film autobiographique bouleversant, The Boy, né du traumatisme d’avoir vu le père de son meilleur ami mourir sous ses yeux, atteint par un obus de mortier tiré depuis Gaza en mai 2008.
Elle-même cinéaste, son épouse Shaylee Atary porte depuis le 7 octobre la mémoire de Yahav, celle de ses films, celle de leur vie si brutalement brisée, tout en achevant seule la réalisation de leur premier long-métrage.“
Voici comment le “New Yorker“ relate le drame, sous le titre : Un cinéaste israélien assassiné lance un avertissement prophétique dans « The Boy » (Le garçon)
La dernière œuvre de Yahav Winner saisit les dissonances de la vie
le long de la frontière entre Israël et Gaza.
“Le matin du 7 octobre, alors que des militants du Hamas survolaient en parapente la clôture en fil barbelé d'Israël pour perpétrer une tuerie, Yahav Winner se réveillait avec sa fille Shaya, qui venait de naître, dans la maison familiale, au sein d'une communauté idyllique du désert, avec des champs de tournesols et des rangées de palmiers. Winner et sa femme, Shaylee Atary, tous deux cinéastes, ont fondé leur famille là où Winner a grandi, dans le kibboutz de Kfar Aza, un village de quelque sept cents habitants, à quelques kilomètres seulement de la frontière qui sépare Israël de Gaza. Ce matin-là, raconte-t-elle, soixante-dix militants du Hamas ont encerclé la maison de Winner et d'Atary. Lorsque le bras d'un combattant du Hamas a fait irruption par la fenêtre de leur chambre, Winner a semblé comprendre que toute la famille ne pourrait pas survivre. Il a repoussé les intrus et a fait signe à sa femme de s'enfuir. Atary, qui souffre d'un handicap affectant sa jambe gauche, est sortie en boitant avec leur fille endormie dans les bras. À l'extérieur, dans une cour, les militants passaient de maison en maison - Atary pouvait entendre les sifflements étouffés des coups de feu tirés par les silencieux. Elle a trouvé refuge dans un abri de jardin et s'est cachée parmi des pots vides et de la terre végétale. Après ce qui lui a semblé être une heure, son bébé endormi s'est réveillé et a commencé à pleurer. Sucer le petit doigt d'Atary n'a pas calmé l'enfant. Atary s'est donc remise à courir, essayant chaque maison, jusqu'à ce qu'elle trouve un refuge pour elle et Shaya dans la pièce sécurisée de quelques amis de la famille. Lorsqu'elles sont sorties, vingt-sept heures plus tard, Atary a trouvé le village en ruines et son mari porté disparu. Elle espérait qu'il faisait partie des plus de deux cents otages emmenés par le Hamas à Gaza. Elle a appris lors d'une interview en direct à la télévision qu'il avait en fait été tué. « J'ai l'impression qu'il a donné sa vie pour m'aimer », m'a dit Mme Atary. « Il me manquera toute ma vie. » "
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